1100 Vintage - Essai
Publié : 06 mars 2007, 22:49
Ca y est : le concessionnaire vient de me remettre la clef de ma Vintage.
Je regarde la moto. La première impression est celle de qualité : pas de plastique brillant, du chrome bien lourd, partout : porte bagages, poignée passager, supports de sacoches, pare sacoches, pare jambes, garde boue avant, garde boue arrière, j’en oublie. De l’aluminium poli aussi : bouchon de réservoir, supports de pare brise (une pièce joliment travaillée). La peinture est très belle, un noir brillant et profond sur le réservoir comme sur les sacoches, rehaussé par un filet blanc du meilleur effet. La selle, noire et blanche, rend beaucoup mieux en vrai qu'en photo et confirme la bonne impression d'ensemble.
La deuxième impression est celle de poids : poids du moteur qui déborde, poids du métal omniprésent, poids de l’équipement ; le poids semble doublé par la taille de l’engin. J’ai lu quelque part dans un magazine à propos de la Vintage « expérience conseillée ». Cela semble être un bon conseil. J’enfourche la moto… et le poids se confirme lorsqu’il s’agit de redresser la moto, qui est couchée sur la béquille latérale. Et le poids augmente encore du fait de la position de la béquille latérale : trop en avant et trop écartée. J’avais lu qu’il fallait avoir une jambe gauche de top modèle pour aller chercher la béquille : c’est incomplet, il faut aussi avoir une jambe droite de footballeur pour maintenir la moto en équilibre, un arrière train de sumo tellement la selle est dure, et des bras de lémurien pour aller chercher le guidon. Mais bon, ça y est : la moto est à l’équilibre.
Je démarre le moteur. Un grondement puissant fait trembler le sol et vibrer les murs de la concession. Très légère accélération pour voir, nouveau grondement sur le filet de gaz : bizarre ; le moteur donne l’impression de vouloir sortir du cadre pour y rentrer immédiatement.
Dernières recommandations, pas plus de 5000 t/m en rodage, largeur des sacoches, vérification des clefs, casque, gants, première. Ne pas oublier la boîte, j'ai lu qu'elle est lente, les vitesses passent avec le talon, attention au guidon, zut les sacoches, attention au frein avant, au frein au pied, au poids, au prix… j’avance, et c’est plutôt sympa. J’arrive à sortir de la concession sans rien toucher, je suis rue de Tilsitt à Paris; feu rouge, feu vert, première attention on monte les vitesses avec le talon, seconde, feu au vert, avenue Foch, troisième, zut un point mort, troisième encore, et… déjà le plaisir.
Un vrai plaisir, fait de grondements, de vibrations, de puissance et… de légèreté… Contrairement à ce qui j’imaginais, la moto est incroyablement légère, elle est équilibrée et se manie sans aucune peine. La position de conduite est sympa, les bras pas trop tendus, les jambes en position naturelle, les pieds bien posés sur les marche pieds. Et contrairement à toute attente, la selle se fait oublier dès que l’on roule.
Porte Dauphine. J’a lu attention au frein à pied, violent. Décoller le pied, freiner, attention. Violent ? Non, efficace et tout de suite sécurisant grâce au couplage avant/arrière, bien dosé.
Accélération, sourire. Maréchaux. J’ai roulé moins d’un kilomètre et je me sens vraiment en confiance. La moto est facile et donne envie de partir en vacances tout de suite.
Dix kilomètres de vrai plaisir. Je m’arrête prendre de l’essence, je descends de la moto et… mais, quoi, comment, qu’est ce que c’est ? Le clignotant arrière droit pendouille lamentablement au bout des fils électriques. C’est normal, il y a des vis, mais pas de boulons au bout!
Retour à la concession. Dix nouveaux kilomètres de plaisir ; je ne suis même pas énervé par le clignotant. Incrédulité, nouveaux boulons, je repars.
Cinq jours plus tard, une bonne pluie, un arrêt. Mais, mais, mais, qu’est ce que c’est ? De la buée dans le phare ??? Je rêve. Le phare n’est pas étanche ! Je suis à deux cents kilomètres de la concession. Tant pis, j’irai en début de semaine prochaine.
Deux jours encore. 823 kilomètres au compteur. Ma femme me tapote l’épaule : « c’est normal que l’aiguille du compteur de vitesse ne bouge pas quand on roule ? » Arrgh ! Plus de compteur de vitesse, plus de compteur kilométrique, plus de compteur journalier!
Le bilan après dix jours d’utilisation et 1200 km:
Position de conduite : vraiment bien ; il est possible de rouler pendant des heures sans fatigue.
Confort : vraiment bien aussi ; la selle se fait oublier, puis se fait rappeler au bout de 150 km ; quelques mouvements des jambes permettent à nouveau de l’oublier, mais elle est quand même trop dure.
Tenue de route : la moto est facile, équilibrée, jamais piègeuse ; elle est agréable en ville où elle se faufile facilement malgré son encombrement ; elle carrément géniale sur route, que ce soit en ligne droite ou en virage; elle donne envie d’aller toujours un peu plus loin ; elle est correcte sur autoroute, à condition de se rappeler qu'elle n'offre pas la protection d'une BMW, et de régler l’amortisseur de direction au plus dur (cela ne gêne pas la conduite à basse vitesse et permet d’éviter la conduite façon dragon chinois à haute vitesse). Pour être complet, il faut ajouter une certaine sensibilité au rainurage, du fait sans doute des pneus étroits; mais d'une façon générale elle file droit, quelque soit l'état de la route.
Protection : correcte ; encore une fois ce n’est pas une BMW, mais il est possible de rouler à 130/140 compteur (quand il fonctionne !) sans trop de remous, la visière levée.
Duo : vraiment bien ; la selle est large, le poids du passager se fait à peine sentir et le passager apprécie le confort: il se sent en sécurité grâce aux sacoches sans se sentir enfermé; la selle ne lui semble pas trop dure.
Frein : vraiment bien, sécurisant et confortable. Il est vrai que la commande au pied déroute au premier abord, mais on s’y fait vite, et cela freine bien, sans aucune brutalité malgré ce que j’avais pu lire sur le sujet. Sauf à chausser des enclumes. Mais même dans ce cas, je ne crois pas que l’on puisse parler de brutalité.
Vitesses : la boîte est lente, c’est sûr. Je ne comprends pas que Moto Guzzi installe encore cette antiquité alors qu’il y en a des modernes à disposition. Cela étant dit, on s’y fait facilement en suivant les prescriptions du manuel du propriétaire : il faut passer les vitesses franchement. La boîte n’est alors pas plus rapide, mais il n’y a plus de faux points morts.
Guidon : RAS. Il est large, mais adapté à la moto ; de plus il sert de gabarit pour faire passer les sacoches entre les voitures dans les embouteillages.
Equipement : correct. Il n’est bien sûr pas question de radio, ni de GPS embarqué, ni d’ABS, mais on trouve de bien belles sacoches, étroites mais à la contenance étonnante, les pare jambes, le porte bagage, le pare brise, et même une prise pour chargeur de téléphone (à moins que ce ne soit une prise pour l'éclairage en cas de panne...).
Protège tibia gauche (pièce de plastique dur sur la culasse) : nul ; il blesse le tibia au lieu de le protéger.
Qualité perçue : vraiment bonne malgré les problèmes vécus de clignotant, de phare et de câble compteur, qui relèvent d’un manque de sérieux incroyable et surtout inacceptable.
Au final, cette moto (la première moto guzzi sur laquelle je roule) procure un plaisir incroyable et donne envie de rouler encore et encore, avec le sourire mais en restant très attentif, et pas seulement à la route.
Je regarde la moto. La première impression est celle de qualité : pas de plastique brillant, du chrome bien lourd, partout : porte bagages, poignée passager, supports de sacoches, pare sacoches, pare jambes, garde boue avant, garde boue arrière, j’en oublie. De l’aluminium poli aussi : bouchon de réservoir, supports de pare brise (une pièce joliment travaillée). La peinture est très belle, un noir brillant et profond sur le réservoir comme sur les sacoches, rehaussé par un filet blanc du meilleur effet. La selle, noire et blanche, rend beaucoup mieux en vrai qu'en photo et confirme la bonne impression d'ensemble.
La deuxième impression est celle de poids : poids du moteur qui déborde, poids du métal omniprésent, poids de l’équipement ; le poids semble doublé par la taille de l’engin. J’ai lu quelque part dans un magazine à propos de la Vintage « expérience conseillée ». Cela semble être un bon conseil. J’enfourche la moto… et le poids se confirme lorsqu’il s’agit de redresser la moto, qui est couchée sur la béquille latérale. Et le poids augmente encore du fait de la position de la béquille latérale : trop en avant et trop écartée. J’avais lu qu’il fallait avoir une jambe gauche de top modèle pour aller chercher la béquille : c’est incomplet, il faut aussi avoir une jambe droite de footballeur pour maintenir la moto en équilibre, un arrière train de sumo tellement la selle est dure, et des bras de lémurien pour aller chercher le guidon. Mais bon, ça y est : la moto est à l’équilibre.
Je démarre le moteur. Un grondement puissant fait trembler le sol et vibrer les murs de la concession. Très légère accélération pour voir, nouveau grondement sur le filet de gaz : bizarre ; le moteur donne l’impression de vouloir sortir du cadre pour y rentrer immédiatement.
Dernières recommandations, pas plus de 5000 t/m en rodage, largeur des sacoches, vérification des clefs, casque, gants, première. Ne pas oublier la boîte, j'ai lu qu'elle est lente, les vitesses passent avec le talon, attention au guidon, zut les sacoches, attention au frein avant, au frein au pied, au poids, au prix… j’avance, et c’est plutôt sympa. J’arrive à sortir de la concession sans rien toucher, je suis rue de Tilsitt à Paris; feu rouge, feu vert, première attention on monte les vitesses avec le talon, seconde, feu au vert, avenue Foch, troisième, zut un point mort, troisième encore, et… déjà le plaisir.
Un vrai plaisir, fait de grondements, de vibrations, de puissance et… de légèreté… Contrairement à ce qui j’imaginais, la moto est incroyablement légère, elle est équilibrée et se manie sans aucune peine. La position de conduite est sympa, les bras pas trop tendus, les jambes en position naturelle, les pieds bien posés sur les marche pieds. Et contrairement à toute attente, la selle se fait oublier dès que l’on roule.
Porte Dauphine. J’a lu attention au frein à pied, violent. Décoller le pied, freiner, attention. Violent ? Non, efficace et tout de suite sécurisant grâce au couplage avant/arrière, bien dosé.
Accélération, sourire. Maréchaux. J’ai roulé moins d’un kilomètre et je me sens vraiment en confiance. La moto est facile et donne envie de partir en vacances tout de suite.
Dix kilomètres de vrai plaisir. Je m’arrête prendre de l’essence, je descends de la moto et… mais, quoi, comment, qu’est ce que c’est ? Le clignotant arrière droit pendouille lamentablement au bout des fils électriques. C’est normal, il y a des vis, mais pas de boulons au bout!
Retour à la concession. Dix nouveaux kilomètres de plaisir ; je ne suis même pas énervé par le clignotant. Incrédulité, nouveaux boulons, je repars.
Cinq jours plus tard, une bonne pluie, un arrêt. Mais, mais, mais, qu’est ce que c’est ? De la buée dans le phare ??? Je rêve. Le phare n’est pas étanche ! Je suis à deux cents kilomètres de la concession. Tant pis, j’irai en début de semaine prochaine.
Deux jours encore. 823 kilomètres au compteur. Ma femme me tapote l’épaule : « c’est normal que l’aiguille du compteur de vitesse ne bouge pas quand on roule ? » Arrgh ! Plus de compteur de vitesse, plus de compteur kilométrique, plus de compteur journalier!
Le bilan après dix jours d’utilisation et 1200 km:
Position de conduite : vraiment bien ; il est possible de rouler pendant des heures sans fatigue.
Confort : vraiment bien aussi ; la selle se fait oublier, puis se fait rappeler au bout de 150 km ; quelques mouvements des jambes permettent à nouveau de l’oublier, mais elle est quand même trop dure.
Tenue de route : la moto est facile, équilibrée, jamais piègeuse ; elle est agréable en ville où elle se faufile facilement malgré son encombrement ; elle carrément géniale sur route, que ce soit en ligne droite ou en virage; elle donne envie d’aller toujours un peu plus loin ; elle est correcte sur autoroute, à condition de se rappeler qu'elle n'offre pas la protection d'une BMW, et de régler l’amortisseur de direction au plus dur (cela ne gêne pas la conduite à basse vitesse et permet d’éviter la conduite façon dragon chinois à haute vitesse). Pour être complet, il faut ajouter une certaine sensibilité au rainurage, du fait sans doute des pneus étroits; mais d'une façon générale elle file droit, quelque soit l'état de la route.
Protection : correcte ; encore une fois ce n’est pas une BMW, mais il est possible de rouler à 130/140 compteur (quand il fonctionne !) sans trop de remous, la visière levée.
Duo : vraiment bien ; la selle est large, le poids du passager se fait à peine sentir et le passager apprécie le confort: il se sent en sécurité grâce aux sacoches sans se sentir enfermé; la selle ne lui semble pas trop dure.
Frein : vraiment bien, sécurisant et confortable. Il est vrai que la commande au pied déroute au premier abord, mais on s’y fait vite, et cela freine bien, sans aucune brutalité malgré ce que j’avais pu lire sur le sujet. Sauf à chausser des enclumes. Mais même dans ce cas, je ne crois pas que l’on puisse parler de brutalité.
Vitesses : la boîte est lente, c’est sûr. Je ne comprends pas que Moto Guzzi installe encore cette antiquité alors qu’il y en a des modernes à disposition. Cela étant dit, on s’y fait facilement en suivant les prescriptions du manuel du propriétaire : il faut passer les vitesses franchement. La boîte n’est alors pas plus rapide, mais il n’y a plus de faux points morts.
Guidon : RAS. Il est large, mais adapté à la moto ; de plus il sert de gabarit pour faire passer les sacoches entre les voitures dans les embouteillages.
Equipement : correct. Il n’est bien sûr pas question de radio, ni de GPS embarqué, ni d’ABS, mais on trouve de bien belles sacoches, étroites mais à la contenance étonnante, les pare jambes, le porte bagage, le pare brise, et même une prise pour chargeur de téléphone (à moins que ce ne soit une prise pour l'éclairage en cas de panne...).
Protège tibia gauche (pièce de plastique dur sur la culasse) : nul ; il blesse le tibia au lieu de le protéger.
Qualité perçue : vraiment bonne malgré les problèmes vécus de clignotant, de phare et de câble compteur, qui relèvent d’un manque de sérieux incroyable et surtout inacceptable.
Au final, cette moto (la première moto guzzi sur laquelle je roule) procure un plaisir incroyable et donne envie de rouler encore et encore, avec le sourire mais en restant très attentif, et pas seulement à la route.